Longtemps, les premiers enregistrements
de Gérard Souzay (né en 1916) ont été
indisponibles. La faute aux maisons de disques, qui ne faisaient pas
toujours ce qu’il fallait pour y remédier, la faute aussi au
grand baryton français, dont la carrière, poursuivie
jusqu’à un âge (trop ?) avancé, le faisait
réenregistrer de nouvelles versions, parfois inutiles et moins
bonnes, des grands cycles de mélodies françaises et de
lieder allemands. Celui dont Roland Barthes allait dénoncer
durement, et assez injustement, l’extrême affectation dans un
article célèbre de Mythologies, était, à vrai dire, au
début des années 1950, un chanteur d’un raffinement
splendide, doté d’un timbre de velours, d’une voix à
l’élasticité exemplaire et d’une diction à faire
perdre leur emploi aux fabricants de sous-titres. Certaines de ces gravures, que
réédite le label britannique
« Testament », avaient reparu naguère en
CD chez Decca et chez d’autres labels spécialisés dans
les rééditions d’enregistrements historiques. Elles
bénéficient ici des progrès énormes
accomplis depuis dans les techniques de restauration des documents
anciens. Gérard Souzay est aussi impeccable et
« lisible » en français, en espagnol, en
allemand qu’en italien. Le Monde,
14-15 décembre
2003, supplément bibliographique et discographique, p. 8,
encadré. in
La gazette de
l'île Barbe
n° 55 Hiver 2003