Mon métier :
ingénieur des microbes…

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C’est comme cela qu’un de nos garçons en école primaire avait expliqué mon métier à sa maîtresse. C’est ce qui a été mon travail de recherche pendant trente-cinq ans : employer des micro-organismes pour leur faire fabriquer des substances utiles à l’activité humaine. Mon usine de base a été la cellule de microbe. Que ce soit à l’université, en coopération en Algérie, dans une société de produits chimiques, dans une compagnie pharmaceutique, dans une industrie agro-alimentaire, j’ai toujours exercé en biotechnologie.

Le métier de chercheur est ludique et varié ! J’ai eu aussi bien à élucider la formation d’un composé de l’arôme de la bière qu’à faire la mise au point de la production par un « microbe » d’une hormone naturellement sécrétée par notre hypophyse (hormone de croissance humaine). Dans un cas, je travaillais avec une levure pour une application purement alimentaire : la fabrication de la bière. Dans l’autre cas, c’est un travail d’équipe qui a débouché sur une application médicale : le soin d’enfants atteints de nanisme hypophysaire.

Simplement, les outils de la microbiologie industrielle sont des bactéries, des levures, ou des champignons microscopiques. Le rôle des microbiologistes a été de domestiquer ces organismes pour produire des substances très diverses. Beaucoup de ces productions ont été rendues possibles grâce aux progrès réalisés en biologie moléculaire permettant par exemple le clonage d’un gène humain dans un microbe (exemple : hormone de croissance humaine).

Puissent tous les chercheurs de demain dans ce domaine continuer à utiliser à bon escient leur imagination au service de l’humanité : thérapeutique, nutrition, environnement…

Quant aux micro-organismes (microbes) manipulés, ils ont des noms variés parfois évocateurs : Saccharomyces cerevisiae, Pichia pastoris, Escherichia coli, Bacillus amyloliquefaciens, Bacillus licheniformis, Pseudomonas putida, Aspergillus niger, Mucor miehei, Endothia parasitica, Claviceps purpurea, Mortierella alpina, Kluyveromyces lactis, Leuconostoc mesenteroides, Bacillus brevis, Trichoderma viride, Hansenula, Rhizopus arrhizus…

Cerevisiae : cervoise ; amyloliquefaciens permet de liquéfier l’amidon ; putida… sent mauvais ! niger… est un champignon qui fabrique des spores noires ; alpina… a-t-il été trouvé en montagne ? lactis : levure du lait ; parasitica : certaines espèces peuvent parasiter le châtaignier ; etc.

Levure Kluyveromyces lactis : 3-8 µm.

Bruno CABANE.

Mai 2002.

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  In La gazette de l'île Barbe n° 57

été 2004

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