Thilorier et Thyrus de Pautrizel

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2 novembre 2003.

Vacances de la Toussaint à l’île de Ré, temps maussade ; nous nous rappelons avoir lu dans la première édition de la généalogie Pariset par Henri Jaillard que l’une des personnes citées était « de l’île de Ré ». Nous reprenons le fascicule et décidons de nous lancer à la recherche de cette Madeleine Angélique Thilorier, belle-sœur de l’une de nos ancêtres et donnée comme née sur l’île.

A. Les faits connus

Tout d’abord, les travaux de notre oncle Henri vont nous permettre de nous remettre à niveau.

Partons d’Élisabeth Jaillard et Paul Pariset. Leurs ascendants nous conduisant à Angélique Thilorier sont :

2. Ernest Pariset : né en 1865 à Cuire (Rhône), décédé à Lyon en 1941 ;
3. Jeanne Bidreman : née en 1877 à Lyon, décédée à Lyon en 1908,

mariés à Lyon en 1898.

4. Ernest Pariset : né en 1826 à Basse-Terre (Guadeloupe), décédé à Lyon en 1912 ;
5. Honorine Teillard : née en 1829 à Lyon et décédée à Lyon en 1898.

Ils se sont mariés à Lyon en 1848.

Puis les parents d’Ernest :

8. Aimé-André Pariset : né en 1795 à Paris, décédé à Boulogne-sur-Seine en 1872 ;
9. Marie Émilia Amic : née en 1801 à Basse-Terre (Guadeloupe), décédée à Toulon en 1854.

Ils se sont mariés à Basse-Terre en 1821. Aimé-André Pariset était commissaire à la marine et a fait une carrière en Guadeloupe et en Guyane. Il se mariera aux Antilles, reviendra sur Toulon, puis à Paris comme membre du Conseil de l’amirauté.

Les parents de Marie Émilia :

18. Esprit Jean Amic : né à Brest en 1750, décédé à Basse-Terre en 1819 ;
19. Geneviève Thirus de Pautrizel, née en 1775 à Basse-Terre, décédée à Basse-Terre en 1804.

Ils se sont mariés en 1793 à Basse-Terre. Esprit Amic était médecin installé en Guadeloupe.

Les parents de Geneviève :

38. Charles Gabriel Thirus de Pautrizel, né en 1738 à Trois-Rivières (Guadeloupe), décédé en 1818 à Trois-Rivières ;
39. Marie-Geneviève Capdeville, née en 1747 à Basse-Terre, décédée à Trois-Rivières en 1819.

Ils se sont mariés à Basse-Terre en 1769. Familles de planteurs et de négociants en Guadeloupe.

Ce Charles Gabriel a un frère Jean-Baptiste qui épousa en première noce Madeleine Angélique Thilorier, « de l’île de Ré ». Mil sept cent vingt à 1750 seront les années à considérer en priorité.

Nous voici donc à l’origine de notre démarche !

B. Les recherches

En consultant tout d’abord les publications locales que nous avions (Groupement d’études rétaises : « construction et entretien des moulins à vent », in Cahiers de la mémoire, n° 11, printemps 1983, page 23), nous constatons que c’est un Thilorier, notaire royal à Saint-Martin-de-Ré, qui signe un procès-verbal de visite d’un moulin à vent (10 septembre 1735, puis de même le 13 juillet 1746).

Nous voici rapidement sur une piste sérieuse ! Nous partons pour la mairie de Saint-Martin. Une déception nous y attend : les actes sont déposées aux archives départementales de La Rochelle : AD 17 pour les initiés.

[Aux archives départementales]

Le lendemain — temps exécrable —, nous allons sur le continent sans regret. Ce sera une première pour nous de pénétrer dans des archives départementales, temple de tous les savoirs pour les généalogistes.

Nous avons pu constater que les actes de maître Jean-Baptiste Thilorier étaient déposés aux archives et qu’il avait été notaire de 1719 à 1767.

Les actes de Saint-Martin-de-Ré sont sur microfilms et cela va nous simplifier leur accès.

Partant du fait qu’un notaire a dû signer lisiblement, il nous est plus facile de chercher son paraphe sur les actes de la période considérée. Sa signature sera en effet très reconnaissable, heureusement pour nous !

Plusieurs baptêmes sont identifiés sur les registres de Saint-Martin-de-Ré :

Nous trouvons aussi l’acte de mariage en 1766 de Geneviève Henriette, qui nous confirme les données ci-dessus : « 1766 : le 5 janvier, après les trois publications et avec le consentement de messire le vicomte de Léon, colonel du régiment de Boulonnois, Jean-Roch de Peyrolle, écuyer, lieutenant du régiment de Boulonnais, infanterie, natif de la paroisse de Spréyière, juridiction et consulat de la ville de Lisle Dalbigeois, et Geneviève Henriette Thilorier, fille de maître Jean-Baptiste Thilorier, notaire royal et procureur de cette juridiction, et de feue dame Marie-Anne Martin, son épouse ».

Au hasard des actes, nous retrouvons le nom d’Angélique et avons la satisfaction de voir sa signature en tant que marraine : « le 13 décembre 1748 a été baptisée Françoise Angélique, fille légitime de François Guibert et de Françoise *** ; le parrain est Étienne Plaideau et la marraine est Madeleine Angélique Thilorier. » Elle signe « Madellaine Angélique Thilorier ».

En nous écartant un peu de nos dates cibles, nous avons trouvé un autre acte avec le nom de Thilorier, mais il n’est pas possible de faire un lien direct avec la recherche en cours : en 1699, ce pourrait être le grand-père, mais rien ne le confirme. « Le 19 août 1699, le sieur Pierre Thilorier, entrepreneur des travaux du roi, est parrain et signe au registre » lors du baptême de « Philibert, fils de Camille Dalier de Beaulieu, lieutenant au régiment de Barrois, et de damoiselle Julie Gérard. »

[Sur la toile]

Ce fut une journée profitable qui nous a mis en appétit pour en savoir plus… Aussitôt rentrés de vacances, nous nous sommes installés devant l’internet et avons continué nos recherches sur Généanet (site Isis97) et par le moteur de recherche Yahoo. Voici les données complémentaires qui nous intéressent :

Madeleine Angélique s’est mariée le 23 septembre 1754 à Saint-Martin-de-Ré avec Jean-Baptiste Thyrus de Pautrizel, né le 1er décembre 1731 à Trois-Rivières (Guadeloupe), chevalier de l’ordre royal militaire de Saint-Louis (dont huit enfants entre 1754 et 1770 à Ré ou à la Guadeloupe, à découvrir sur le site Isis97…).

Jean-Baptiste est capitaine des troupes de la marine pour les colonies, puis major commandant le quartier de la Capesterre, habitant propriétaire, membre de la chambre d’agriculture, chevalier de l’ordre royal militaire de Saint-Louis.

L’aîné des fils, Jean-Baptiste, né à La Couarde (île de Ré) en 1754, se rendra tristement célèbre en tant que « montagnard », membre du comité de sûreté révolutionnaire de la Basse-Terre, puis député de la Guadeloupe à la Convention, connu sous le nom de Thyrus-Pautrizel.

Il faut noter que cet arbre est très documenté sur les Thirus de Pautrizel, mais n’a pas de suivi concernant notre ancêtre Charles Gabriel (frère de Jean-Baptiste) : il y est cependant fait mention de son décès à Trois-Rivières, La Grété, le 5 juin 1818, date non mentionnée dans le livret la Famille Pariset de Henri Jaillard.

C. Les conclusions

Nous avons donc la confirmation que « notre » Magdeleine Angélique est née précisément à Saint-Martin-de-Ré le 19 septembre 1734, de Jean-Baptiste Thilorier, notaire royal (1717 – 1769), et de Marie Anne Martin, décédée avant 1766. Nous ne connaissons pas encore la date et le lieu du décès de Magdeleine Angélique, qui se situe avant 1780, date à laquelle Jean-Baptiste s’est remarié avec Julie Coquille (1747 – 1786). Magdeleine Angélique a eu au moins trois sœurs et deux frères nés à Saint-Martin-de-Ré (qui ne nous sont pas apparentés, mais dont les actes nous ont permis de faire plus ample connaissance avec Angélique) et aura huit enfants. Elle était encore en France en 1748. Nous ne savons pas encore pourquoi ces liens entre la Guadeloupe et l’île de Ré se sont créés.

Mais ceci est le début d’une longue série de trouvailles toujours en cours, dont nous espérons pouvoir vous faire partager les résultats lors de prochaines publications sur nos ancêtres et nos cousins passés par la Guadeloupe. Les Thirus de Pautrizel nous amèneront en effet à découvrir une nombreuse ascendance guadeloupéenne. Leurs descendants se comptent par centaines dans différentes familles.

Ceci est le déroulement d’une recherche généalogique faite par des amateurs. Les initiés voudront bien nous pardonner de décrire une démarche qui, pour eux, est habituelle et leur semblera peu professionnelle. Nous espérons par contre que les non-avertis trouveront ici le désir de se lancer à leur tour à la recherche de leurs ancêtres. Ce n’est pas si compliqué ! Le sujet est éminemment vaste et passionnant. Encore une fois, nous avons pu constater que l’histoire familiale rejoint l’Histoire avec un grand H. Rechercher nos antécédents familiaux revient bien à voir comment l’Histoire s’est construite avec eux.

Claude et Chantal Pariset.

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  In La gazette de l'île Barbe n° 57

été 2004

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