Pendant l'agonie du pape, j'ai
revécu celles de Roger-Pierre [Raoult. Cf. p. 2-3. - NDLR.] et de Claude… Guitou
[RAOULT]. Claude, tout simplement ; "Claudy" pour
ses proches ; "papa" pour ses enfants ; "bon-papa", et même
"boum-papa" pour Alexandre, le petit dernier ; "oncle Claude" ;
"oncle Claudy" ; "PFPG" (petite fille pourrie gâtée)
dans son enfance avec son frère Dady et ses sœurs
Françoise et Margot ; "le Claude" pour ses chers Savoyards ;
"chef", et même "capitaine", sur les océans ; "monsieur
Goybet", bien sûr, et sans doute bien d'autres surnoms - ou
sobriquets, dirait-il - que l'on ne connaît pas. Certains lui disaient "tu", beaucoup
lui disaient "vous", car le vouvoiement… - oh, non, pardon, on doit
dire "voussoiement" - lui tenait à cœur, comme beaucoup
d'autres choses d'ailleurs. Plutôt que de raconter sa longue
vie, on a choisi des adjectifs pour le qualifier. La liste n'est pas
exhaustive, chacun pourra ajouter les siens : curieux, timide,
courageux, passionné, fidèle… Dans sa recherche de connaissances sur
l'histoire, l'étymologie, sa chère
généalogie, mais aussi la flore de Provence, de Savoie,
et même celle d'outre-mer. Curieux dans son apprentissage
informatique, bien soutenu par son fiston. Il en tirait des valeurs qui
accompagnaient sa vie, valeurs qu'il voulait faire connaître et
partager envers et contre tout. Il tenait comme principe de ne pas se
plaindre, de ne rien demander aux autres. Peu expansif, il montrait
rarement ses sentiments, mais cette rareté faisait
apprécier la valeur de ces moments. Il n'était pas pour autant un
ours ; il a partagé des moments complices et riches avec ses
amis d'Yenne autour du café le matin, avec ses amis
généalogistes et officiers de marine. Et dans ses
dernières années avec les jeunes femmes aides
ménagères, ou secrétaires, selon la demande, qui
l'ont accompagné. En épousant celle qu'il avait
choisie, malgré les difficultés. En faisant avec elle
un choix de vie difficile, lui marin et elle au foyer avec les trois
loustics. Courageux aussi de surmonter sa disparition et de continuer
autrement. Et enfin, dans cette dernière année, quand
il a surmonté sa paralysie et a réussi à se
remettre debout chez lui. Il le fallait pour une vie pareille
! Partir en Indochine et choisir d'y
rester. Partir sur les routes en camping itinérant avec sa
famille et tous les animaux, en 4 CV ou en 4 L, peu importe. Partir
encore, et cette fois seul, pour rejoindre ses enfants à
l'autre bout du monde. Accepter, aller jusqu'au bout quand ses
enfants lui offrent le cadeau de ses rêves : voler, à 60
ans quand même ; d'abord en ultra-léger motorisé
(ULM), et ensuite en avion ; obtenir même le brevet !
À ses attaches familiales.
À Yenne, où il trouvait quiétude et plaisir dans
les contacts avec ses cousins, ses amis d'enfance, ses neveux et
nièces. Fidèle et constant dans son
rôle d'époux, de père, d'oncle, de parrain, de
beau-frère et de tout le reste… Et son humour, ne l'oublions pas, et sa
gentillesse, bien sûr… Et, et, et… [Geneviève
GOYBET]. in
La gazette de
l'île Barbe
n° 60, printemps 2004