Arielle Dombasle,

chevalier de la Légion d'honneur

µ

Arielle Sonnery de Fromental, fille d'un cousin au 5e degré d'Ernest Pariset, d'Élisabeth Jaillard, d'Aimée Deloule et de Paul Pariset, comédienne sous le nom d'Arielle Dombasle, a été nommée chevalier de la Légion d'honneur par décret du 13 juillet 2006.

µ

 

Arielle Dombasle m'a ouvert sa boîte à souvenirs, comme on

 

ouvre son cœur. Il y a, dans ce musée intime, le film d'une vie.

Déesse Électra

Pourquoi écrire l'histoire d'Arielle Dombasle ? Pour l'enterrer vivante dans une biographie qui sentirait la naphtaline ? Ou pour tenter de dépeindre la personnalité d'une actrice en vue, finalement peu connue ? Qui est Arielle Dombasle ? Quelle est cette adorable sirène qui fait les délices des couvertures glacées des magazines people ? À cette interrogation mille fois posée au moment de la préparation de ce voyage en images, je n'ai toujours pas réussi à répondre. Elle a su garder son mystère et c'est mieux ainsi. De toutes les étoiles inscrites au firmament du cinéma français, Arielle Dombasle est la plus scintillante. Si dans le mot " star " on entend paillettes et distance, alors elle en est une, tant il y a chez elle de l'irréel, à la ville comme à l'écran. Elle est là sans être vraiment là, un peu lointaine, toujours solaire. Cette femme, qui ne saurait se passer de la magie du rêve, a décidé de faire de son existence un conte de fées, convaincue que la " beauté est ce qui électrise le monde. " Elle voudrait que chaque jour soit une fête, faisant mine de croire que demain, peut-être, le beau l'emportera à jamais sur le laid. On pourrait la penser naïve. Elle est en fait une sorte d'ange rebelle à la médiocrité du quotidien. Elle est de celles pour qui rien ne compte hormis l'élégance du cœur.

C'est pourquoi elle s'invente des histoires romantiques quelque peu fleur bleue, chantant parfois pour répandre du bonheur sur la planète. Rien ne peut la rendre plus heureuse.

Qu'on lui demande brusquement ce qu'elle espère le plus, elle répondra sans hésiter " le merveilleux ", étant consciente qu'une " démocratie où il n'y aurait que de la beauté ne peut pas exister. " Arielle et son double. Comme toutes les actrices, sa vérité n'est pas parmi nous. Elle est au cœur de cette figure féminine blonde et altière, légère et complexe.

Elle est terre de contrastes, capable de jouer aussi bien pour Éric Rohmer, dont elle fut l'égérie à ses débuts en 1979 (Perceval le Gallois, Pauline à la plage), pour Alain Robbe-Grillet (La Belle Captive, Un bruit qui rend fou), Raoul Ruiz (Fado majeur, Fado mineur, Le Temps retrouvé, Les Âmes fortes) ou Roland Joffé (Vatel), que pour des séries télévisées américaines (Lace, Miami Vice). Actrice, réalisatrice de deux longs métrages (Chassé-croisé, Les Pyramides bleues), modèle pour photographes de mode, chanteuse d'opéra techno-baroque (albums Liberta, Extase), elle, décrite volontiers comme une touche-à-tout, aime l'idée d'une trajectoire faite de fantaisie et de liberté. Dans la vie, Arielle Dombasle s'est fixé un devoir de frivolité dans une époque un peu trop grave à ses yeux. Il n'y a rien de plus amusant que de prendre le contre-pied des choses établies : " J'ai sauté d'un univers à l'autre au cours de mes films. Cela me plaît de pouvoir m'adapter à des planètes différentes dont certaines ont pu être aux antipodes de ma sensibilité. Je suis ravie d'avoir joué aussi bien pour Claude Zidi que pour Peter Handke. J'aime l'idée de ce grand écart même si je sais que la France est un pays de chapelles et de sectes culturelles. J'adore déjouer cet état d'esprit. "

On sait que les icônes du cinéma ont été inventées pour nous faire rêver. Arielle Dombasle, c'est du peps techno, ce supplément d'âme qui fait que l'on se sent revigoré pour la journée. Elle est la gaieté incarnée, du moins est-ce l'image qu'elle entend montrer. Elle fait partie de ces êtres raffinés, voyageurs, ayant en partage l'amour de la représentation et du beau. Blonde aux formes parfaites, elle a tout pour séduire. Les hommes d'abord, secrètement admiratifs, les femmes surtout, que sa taille de guêpe rend envieuses. Elle sait aussi que l'apparence n'est qu'un leurre qui ne remplacera jamais la richesse d'une cervelle bien faite.

Arielle avait sans doute envie d'inscrire la mémoire de sa vie dans le temps, de laisser une trace quelque part. C'est peut-être pour cela qu'elle a accepté l'idée d'un livre sur elle. Le premier sur une femme qui a l'art de sublimer l'ordinaire sans avoir jamais renoncé à l'enfance. Elle est fatalement rêveuse. C'est pourquoi elle devait figurer, après Marilyn Monroe et La Callas, dans la collection " Face à l'objectif ". Ce livre, nous l'avons rêvé comme un objet qu'elle voulait au " carrefour de l'esthétique, de la politique et de l'éthique ". Y sommes-nous arrivés ? Peut-être. En cet été 2001 où se sont déroulés nos entretiens, il semblait qu'Arielle était heureuse de dire ce qui a forgé son parcours, confié comme un trésor intime. Arielle arrive à un moment de sa démarche où elle fait non pas le bilan, mais raconte d'une voix douce ce qu'elle est au plus profond d'elle-même. Cette sincérité m'a touché. C'est une vie que j'ai essayé de mettre en scène du mieux possible, sans trahir ni juger cette femme qui décida un jour de se donner entièrement au monde, en devenant actrice. Je n'oublierai jamais notre rencontre, comme une perle trouvée sur la route du journalisme.

Merci Arielle.

Victor HACHE.

In Arielle Dombasle, Face à l'objectif, Éditions du collectionneur, Paris, 2002.

µ

 in La gazette de l'île Barbe n° 65, été 2006

Sommaire