« Tout le monde peuvent pas être
de Lyon. Il en faut ben d’un peu partout. »
La Plaisante Sagesse lyonnaise.
Notre ancêtre Jean-Baptiste
Jannéat, marchand fabricant à Lyon, est né
à Saint-Jean-le-Vieux (Ain) le 27 décembre 1745, hameau
de Varey, berceau de cette famille de vignerons (et non en 1731 comme
indiqué à tort dans l’article
précédent). Cette filiation se trouve sur l’acte d’un
deuxième mariage du 19 février 1811 à Lyon avec
une Claudine Perroton… Jean-Baptiste s’est en effet remarié
à 65 ans en 1811 avec Claudine, 45 ans (née à
Saint-Pierre-de-Bœuf [Loire] le 8 octobre 1768), nièce de sa
première épouse décédée,
Élisabeth Perroton, notre ancêtre (née à
Limony [Ardèche] le 21 mars 1738). Ils demeuraient, en 1811, rue Gentil à
Lyon, et Jean-Baptiste n’a pu signer son acte de mariage, ne sachant
le faire. En ce qui concerne les Jannéat, notons
l’évolution de l’écriture du nom que nous connaissons
sous l’orthographe Janneat
adoptée par notre ancêtre
Louis, teneur de livre, sans doute le premier sachant écrire
et signer. En 1771, sur l’acte de naissance de Louis
à Lyon, le vicaire de Saint-Nizier écrit
Janiat, puis Janeaz
en 1811. À Saint-Jean-le-Vieux,
nous trouvons l’orthographe plus locale de Janeaz ou Janea. La transmission orale du nom, la
difficulté de compréhension des prononciations
étrangères (le Bugey !), le Z final ne se
prononçant sans doute pas, outre le désir ou le besoin
de franciser le nom, expliquent cette évolution de
Janeaz à Janneat. Rappelons-nous nos premières
dictées où l’on nous disait généreusement
que « les noms propres n’avaient pas
d’orthographe », mais malheureusement les dictées
n’étaient pas faites que de noms propres ! Les adresses successives de Louis
Jannéat et Marie Champagne ont
été : Nous assistons avec cette branche de notre
famille à un cas représentatif de la constitution de la
population lyonnaise au cours du XVIIIe siècle. C’est
ce premier exode rural qui a permis de constituer la population des
villes françaises. Jean-Baptiste Janeaz, fils de vigneron du Bugey, et Élisabeth Perroton, fille de grangeur (employé de ferme), sans doute
aussi vigneron, de la vallée du Rhône, se retrouvent en
ville et s’y marient vers 1770. Lui devient « marchand
fabricant », sans doute dans un métier au service de
la soierie, et se détache ainsi de la terre. Ils auront un
fils Louis en 1771. Louis Janeaz reçoit une instruction plus facilement accessible
en ville qu’à la campagne et devient « teneur de
livre » — nous dirions aujourd’hui comptable —, puis
négociant. Il épouse une lingère,
Marie-Jeanne Champagne, veuve en deuxième noce d’un boulanger, Claude
Louis Teillard, oncle de Claude Mathieu, futur mari de sa
fille ! (Ce mariage a été
célébré en 1776 par Jean-Baptiste Teillard,
notre ancêtre, prêtre à Saint-Nizier
jusqu’à la Révolution française !) La
famille Champagne est établie à Lyon depuis deux
générations. Marie-Jeanne est la fille d’un
maître fabricant en bas de soie, elle est plus
âgée, mais aussi fortunée puisqu’elle apporte une
dot de 3.000 livres en 1794 à son mariage avec Louis
Jannéat. Ils auront trois enfants, dont
Élisabeth. L’intégration à la population
lyonnaise se consolide et l’ascension sociale est engagée.
L’appellation de négociant donnée à Louis
dénote en effet un statut social bien établi en ce
début de XIXe siècle. Leur fille Élisabeth Jannéat pourra alors épouser à 23 ans
Claude Mathieu Teillard et sans doute ainsi l’aider à s’établir
fabricant de soieries. Claude Mathieu, âgé de 28 ans
à son mariage, avait terminé son apprentissage de
soyeux en 1811 à 16 ans et avait pu commencer une
carrière prometteuse. La famille Teillard, originaire du Jarez,
lyonnaise depuis deux générations, a suivi le
même processus d’intégration. Jean-Baptiste Teillard,
cité plus haut, père de Claude Mathieu, s’est
marié avec Jeanne Ursule Charles venant de Domblans dans le
Jura. Il faut noter que la population de Lyon s’est
maintenue pendant les XVIIe et XVIIIe
siècles grâce à cet apport de sang nouveau issu
des régions voisines. Les mariages en ville étaient
plus tardifs. La natalité, réduite de ce fait,
était de plus soumise à une très forte
mortalité infantile, ce qui ne permettait pas le maintien de
la population. Les parents, travaillant tous les deux, ne pouvaient
élever eux-mêmes leurs enfants et les mettaient en
nourrice à la campagne dès les premiers jours. Peu en
revenaient vivants deux ou trois ans plus tard. Les registres
paroissiaux des villages du Bugey ou des monts du Lyonnais
mentionnent régulièrement des décès
d’enfants de Lyon. Pour approfondir ce sujet, il faut se reporter
au livre de Maurice Garden, Lyon et les
Lyonnais du XVIIIe siècle (Flammarion, 1975), qui sert de référence
en la matière. Une autre étude sur une période
plus ancienne est aussi à citer : Olivier Zeller,
Les Recensements lyonnais de 1597
à 1636, démographie historique et géographie
sociale (Presses universitaires de
Lyon, 1983). L’ascendance de Louis Jannéat se
présente donc ainsi : 1. Louis JANNEAT
(Saint-Nizier,
Lyon IIe [Rhône], 22 juin 1771 – Lyon [Rhône], 16
novembre 1823), négociant, teneur de livres. Marié le
11 prairial an II (30 mai 1794) à Commune-Affranchie (Lyon
sous la Révolution) avec Marie
Jeanne CHAMPAGNE (Lyon IIe [Rhône], 18
novembre 1754 – Lyon [Rhône], 24 septembre 1820),
lingère. Leur fille Élisabeth Marie
JANNEAT (Lyon [Rhône], 17 avril 1800 –
Lyon Ier [Rhône], 5 mars 1869) s’est mariée en 1824
avec Claude Mathieu TEILLARD (Lyon [Rhône], 3 février
1795 – Lyon Ier [Rhône], 26 janvier 1868), fabricant de
soieries. Une branche de la famille Marcel s’est
installée vers 1709 à Fontaines-Saint-Martin dans le
Rhône, d’où descendance, une autre branche
identifiée étant restée sur place. Les Perroton ont une descendance nombreuse
à Limony et aux environs. Claude Pariset. Archives départementales de l’Ain et
de l’Ardèche, archives municipales de Lyon, données de
l’Association généalogique de la Loire (AGL) et de
Regain (association généalogique de l’Ain), site de
Jean-Pierre Dumoulin pour les données sur Limony, arbres
Geneanet nanybol1 et bthivoyon
pour Saint-Jean-le-Vieux, les
correspondants du Fil d’Ariane. In La gazette de l'île Barbe
n° 75 Hiver 2008
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en complément au supplément du n° 18 de La
Gazette