Alors, cette retraite…
Depuis deux à trois ans,
cette petite phrase qui m’était gentiment adressée, mais sur un ton
interrogatif, se poursuivait par… « c’est pour bientôt ? » :
« Alors, cette retraite, c’est pour bientôt ? »
Moi : « Oh ! Pas encore
! », et de rajouter le nombre d’années, de mois, de jours…
Ces deux à trois années ont
passé, et le 31 décembre 2008, ça y est, la voilà enfin : la retraite, ce
moment tant attendu ; ce mot tant entendu. D’ailleurs… définition du
dictionnaire :
Retraite : retrait de la vie active ; pension touchée pendant cette période ; lieu où l’on se retire ; gel temporaire de l’activité de quelqu’un aux fins de méditation ; recul devant l’ennemi.
Si je devais m’accaparer ces
cinq définitions, je dirais qu’en me retirant de la vie active, je vais
méditer sur ma petite pension et surtout ne pas reculer devant un ennemi : l’ennui.
C’est pourquoi, maintenant,
quand on me pose la question : « Alors, cette retraite… tu ne t’ennuies
pas ? », moi : « M’ennuyer, oh non ! », et là je m’explique.
Pour ne pas m’ennuyer, je fais un programme prévisionnel pour la semaine (des
fois, le programme me devance et la semaine est remplie avant que j’aie eu le
temps d’attraper mon crayon), et quand arrive le week-end, je m’aperçois que je
n’ai pas fait la demi-moitié (le quart) de ce qui composait ce fameux programme
because [« à cause de » en anglais. — NDLR.] les imprévus qui
se sont infiltrés sournoisement dans ce programme ; ce qui fait qu’il est déjà
tout prêt pour la semaine suivante avec ce que je n’ai pas pu faire la semaine
précédente. C’est clair, hein !…
Alors, la retraite, qu’est-ce
que j’aime ça, et tant pis si ça veut dire : voir la vieillesse d’un peu plus
près ! Et puis, il y a des avantages à vieillir. Par exemple, une place assise
dans le tram, le regard et les petites attentions attendrissantes des petits
enfants : « Oh, non, mamie, ne porte pas ce cartable, c’est trop lourd
pour toi, tu vas avoir mal au dos » (Jade), etc. Ou encore « Mamie,
raconte-moi des choses quand tu étais jeune » (Cyril), et alors là,
j’espère pouvoir en raconter, des histoires de ma jeunesse (et il va falloir
faire vite avant que le temps ne s’empare complètement de ma mémoire — non,
mais je ne vais pas le laisser faire. « Pas de ça chez nous », pour
reprendre une expression de Bernadette), alors vas-y, Cyril, demande-moi et
prenons le temps d’en parler. C’est valable aussi pour Anaïs, Élisa et Jade.
Bon, maintenant, ça fait six
mois que cette nouvelle vie a commencé, je remercie tous ceux qui me l’ont
souhaitée bonne (la retraite), et c’est à mon tour de dire… non, pas
« Alors, cette retraite ? », mais plutôt « Bienvenue au club
! » à tous ceux qui trépignent d’impatience pour venir nous rejoindre.
Sabine [Di Trapani].
Dis-moi, n° 24, été 2009, p. 7.
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In La gazette de l'île Barbe n° 77
Ete 2009
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