Il a sans doute échappé à la plupart des chroniqueurs et autres éditorialistes, pourtant à l'affût des événements de portée historique, que l'île Barbe aurait dû récemment célébrer le quinzième anniversaire d'un épisode glorieux de son histoire déjà très riche.
En effet, le 16 mars 1977, deux cent un ans après les EtatsUnis... l'île Barbe voyait ses habitants, dont Bon-Papa et Mamie, réunis en cérémonie solennelle, déclarer l'indépendance de l'ancienne insula Barbara...!
Deux articles extraits du quotidien le Progrès et du mensuel Métropole attestent que l'événement avait eu un incontestable retentissement dans la région.
A noter, pour les rares lecteurs ignorant l'actualité de la capitale de la Gaule, que Félix Benoît est un humoriste lyonnais, responsable notamment de l'Université de clavologie, qui décerne des distinctions dans l'Ordre du Clou, lors de son unique ouverture annuelle, le 8 décembre; ajoutons que Félix Benoît est chauve.
NDLR - Selon des sources autorisées, il semblerait que Bon-Papa (Henri Jaillard) ait été sollicité pour assumer le portefeuille de ministre des Finances dans le consulat du nouvel Etat souverain. Il y habitait en effet « la Dixmerie», où était collectée, sous l'Ancien Régime, la dîme perçue par l'abbaye de l'île Barbe sur ses dépendances... L'histoire ne dit pas s'il accepta de se prêter à ce canular.
Entre les deux tours des élections municipales, un événement est passé un peu inaperçu. Il sera pourtant lourd de conséquences puisqu'il s'agit de l'indépendance de l'île Barbe.
Conquise sans coup férir, cette île lointaine a été proclamée Etat souverain le 16 mars dernier au cours d'une cérémonie solennelle tenue dans les locaux de l'Auberge de l'île.
A cette occasion, M. Auguste Bourdi, secrétaire d'Etat aux communications du nouvel Etat a présenté le timbre émis par son administration (avec le cachet Premier jour).
M. Félix Benoît, ministre plénipotentiaire du Consulat de l'île Barbe devait expliquer aux journalistes qui avaient été autorisés à pénétrer dans le pays que l'indépendance de l'île avait été décidée dans le cadre du Plan Barbe.
A noter que l'unité monétaire de l'île Barbe est le poil. Une monnaie d'utilisation souple, dont la valeur a plus tendance à augmenter qu'à rétrécir. Toutefois, le poil reste fragile et sa chute peut être aussi brutale que définitive.
M. Félix Benoît ne nous démentira pas.
Que l'on ne se méprenne pas, il ne s'agit pas là d'un pamphlet revendiquant la libération de l'île de Beauté ou de telle ou telle possession française du Pàcifique. C'est plutôt la reconnaissance d'un état de fait : depuis le 16 mars de l'an de grâce 1977, l'indépendance de l'île Barbe a été proclamée!
Le vent de la libération a soufflé sur les rives paisibles de cette île bien connue des Lyonnais. L'artisan de cette libération est notre excellent confrère Félix BenoIt, chroniqueur gastronomique apprécié des amateurs de bonnes tables, homme d'esprit et défenseur des traditions lyonnaises. Ce sympathique canular se déroulait en l'auberge de l'ile dont le propriétaire J.-L. Ansanay était devenu pour la circonstance, secrétaire d'Etat au tourisme.
Dans une courte allocution qui avait comme il se doit la dignité et le sérieux qui s'imposent à l'occasion d'une proclamation de cette importance, Félix Benoît, ministre plénipotentiaire de l'île a rappelé avec humour le prestigieux passé historique de cette "insula Barbara" devenue l'île Barbe.
Déjà les druides qui peuplaient l'île avaient opposé une résistance farouche aux romains qui voulaient l'envahir. Elle abrita au VIème siécle, sous Grégoire de Tours, un monastère de l'ordre de Saint-Benoît, lequel serait apparu à Félix Benoît et lui aurait ordonné de libérer l'île.
La monnaie de l'ile Barbe est désormais le poil, le décime étant le quart de poil. Une décoration, le "Poil de bois" sera d'ailleurs prochainement créé.
Toujours pour commémorer cet important événement, Auguste Bourdi, philatéliste lyonnais a présenté un timbre avec cachet premier jour à l'effigie de Charlemagne (selon la légende, il ne manquait pas de poil)! D'autres émissions commémoratives suivront tout au long de l'année.
Malgré son Indépendance toute récente, l'île Barbe demeure trés attaché à la gastronomie lyonnaise - à en juger par le sympathique buffet de lyonnaiseries qui présidait à cette déclaration d'indépendance - longue vie à l'île Barbe et à ses libérateurs.
JB
in La gazette de l'île Barbe n° 9
Eté 1992